Cultiver
Un écosystème agricole pérenne bien conçu bénéficie au paysan.ne, à la terre et au paysage.
Mais quelle agriculture ?
Nous sommes portés par les valeurs de la permaculture et de l’agroécologie paysanne,
Mais que veulent dire ces mots ?
La mot permaculture a été créé par l’australien Bill Mollison et à l’origine, était la contraction des mots « permanent » et « agriculture ». La permaculture est à la fois une philosophie et une boîte à outils techniques. Inspiré.es de l’éthique permaculturelle écrite par Bill Mollison et David Holmgren :
- Protection de la terre
- Protection de l’humain
- Redistribution et mise en circulation équitable des ressources
Nous l’appliquons à l’échelle de la Zeste, nous créons des systèmes pérennes, agricoles, sociaux et économiques. Prendre soin du vivant sous toutes ses formes est pour nous primordial, si nous ne prenons pas soin de notre planète et de ses systèmes, la planète ne pourra prendre soin de nous.
L’agroécologie paysanne est une alternative à l’approche dite « conventionnelle » de l’agriculture, c’est à dire à l’agro-industrie basée sur l’exploitation de monocultures à intrants externes. Ce que nous mettons en place, c’est une agriculture qui tient compte du biotope dans lequel elle évolue, à la fois d’un point de vue social et environnemental. « La biodiversité est au fondement des processus écologiques » Vandana Shiva. Pour mettre en place un agrosystème qui soit pérenne il est nécessaire de soutenir et de développer la biodiversité tant dans les zones cultivées que dans les friches, dans les sols ou dans les zones humides.
Concrètement sur la Zeste, le maraichage:
Nous nous inspirons des expérimentations menées depuis plusieurs décennies par des paysan.nes partout dans le monde : Jean-Martin Fortier, Eliott Colleman, Vandana Shiva, Damien Dekarz, Mark Shepard, Eugenio Gras, Antoine Talin, Sepp Holzer, Charles et Perrine Hervé Gruyer, Martin Crawford… et bien d’autres.
La parcelle d’1ha que nous cultivons aujourd’hui aux Rayes est inspirée de leur travail.
Après un long travail hivernal de design permacole, nous avons commencé par mettre en culture 1000m² pour le maraichage. Nous travaillons sur planches permanentes en s’inspirant des techniques de maraichage bio intensif et de maraichage sur sol vivant.
Nous cherchons à imiter la nature autant que possible afin de tirer le meilleur de l’ensoleillement, des nutriments du sol et de la pluviométrie, c’est pourquoi nous développons le maraichage en agroforesterie avec une partie de la parcelle destinée à de la forêt comestible.
Nous n’utilisons aucuns intrants chimiques, une sous soleuse à été utilisé la première année pour décompacter le sol. Nous utilisons le fumier de nos chevaux, le compost issu de la restauration et les fumiers échangés avec les voisin.es éleveur.ses volailles, bovins, porcins. A long terme nous souhaitons rendre notre système autonome en intrants : mettre en place des systèmes d’amendements comme la lifofer, broyer du genêt (ressource quasi inépuisable sur nos terres), taille en têtard des futurs arbres plantés en agroforesterie, fauche d’engrais verts…
Une agriculture intégrée à l’échelle de la vallée
D’un point de vue écologique et politique, relocaliser notre alimentation est une évidence. L’objectif de notre parcelle maraichère est de couvrir les besoins de la restauration pour les personnes en formation à l’école des vivants et pour les habitant.es de l’écolieu. Situés à 1300m d’altitude nous sommes parfaitement conscients que couvrir l’entièreté de nos besoins alimentaires serait extrêmement difficiles voir irréalisable.
La chance que nous avons de vivre en territoire rurale c’est de pouvoir échanger ou acheter avec nos voisin.es et ami.es paysan.nes des produits que nous ne faisons pas (fromages, yaourt, viande bovines, ovines, porcines, volailles, des œufs, des tisanes, du pain, de la bière, des jus de pommes, poires, raisins…). Nous trouvons plus de sens à échanger et partager des ressources plutôt que d’atteindre une autonomie alimentaire dans un système autarcique, hors sol, loin de son territoire et de ses habitant.es.
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La conception d’un écosystème pérenne c’est une vision à long terme :
L’eau est de loin le nutriment essentiel sans lequel il n’y aurait ni vie végétale ni récolte.
Les 50 ha du domaine des Rayes sont situés aux pieds du versant sud du Trainon qui culmine à 1600m d’altitude. A chaque pluie les terres des montagnes s’érodent un peu plus, l’eau dévale les pentes jusqu’aux rivières en fond de vallée emportant avec elles un peu plus de terres fertiles.
Notre objectif à long terme est de stocker cette eau de pluie et la conserver dans les sols grâce à la construction d’ouvrage et par la plantation massive d’arbres. Nous travaillons à « récolter l’eau et la terre » selon la formule de Eugenio Gras.
La gestion durable du pâturage sous nos latitudes tempérées est de première importance puisque les prairies d’altitudes sont un immense réservoir de biodiversité. Avec notre élevage de chevaux, nous travaillons à la préservation ou à la réouverture de certaines prairies. A terme, nous souhaitons diversifier notre cheptel et ainsi améliorer la qualité de nos ressources pastorales.
Enfin le dernier projet, qui après validation administrative, devrait voir le jour en 2023 : la construction de la serre bioclimatique ! Eh oui, à 1300m d’altitude soumis à une amplitude thermique de plus de 20°C entre le jour et la nuit, il est indispensable de disposer d’un espace qui palie cette variation de température sans avoir recours aux énergies fossiles. La future serre bioclimatique sera dédiée à la pépinière pour nos plants maraichers, pour la multiplication des espèces pérennes, et nous espérons aussi pouvoir tester d’autres cultures comme des agrumes, des fruits de la passion, du gingembre, de la curcuma… et pourquoi pas des mangues ! Au moins planter un feijoa du Brésil et un bananier, histoire de mettre une petite touche de tropicalité dans cette vallée alpine ! A la Zeste, on expérimente ! Affaire à suivre…